Quelle économie sociale pour quelle cohésion sociale : les incontournables.
Les inégalités, comme les écarts sur le plan des revenus et de la fortune, se sont accentuées depuis la crise sociale de 2009-2010 et le déclenchement de la transition «politique», c’est-à-dire depuis 2011.
Or, le chômage et les inégalités de revenus sont les principaux facteurs à l’origine des troubles sociaux.
Comment comprendre et expliquer cette explosion des inégalités, comme celle du chômage, alors que l’objectif initial est d’améliorer encore et toujours la conduite de la politique économique et sociale pour permettre précisément aux ménages et aux entreprises d’accéder plus facilement au meilleur bien-être social, c’est-à-dire du meilleur emploi et du meilleur pouvoir d’achat.
Or, ce sont les entreprises qui investissent, qui emploient et qui distribuent des revenus.
Sans revenir sur la sempiternelle boucle du cycle économique, on peut affirmer, et les études empiriques le confirment, que la croissance économique n’est durable que si elle s’accompagne de création d’emplois de qualité.
Ce qui nous amène à examiner un certain nombre de points.
En premier lieu, la croissance et l’emploi
En Tunisie depuis 2011, le chômage de longue durée a augmenté, comme en témoigne le fait que plus de 40 % des chômeurs sont sans emploi depuis plus d’un an.
Or, la proportion croissante (cf. INS : http://www.ins.nat.tn/fr/themes/emploi#1908) de la main-d’œuvre quitte le marché du travail, ce qui se traduit par un coût humain important et sape les bases d’une reprise économique.
En outre, le taux d’inactivité ne cesse d’augmenter. A l’échelle nationale, les jeunes sont touchés de façon excessive par le chômage.
Déjà avant le 14 janvier 2011, les perspectives d’emploi pour les jeunes n’étaient pas brillantes. Avec la crise financière que traverse la Tunisie depuis bientôt une décennie, le chômage des jeunes s’amplifie pour longtemps, et ce, bien après une éventuelle reprise de la croissance.
Il serait donc essentiel de protéger l’intégration des groupes vulnérables sur le marché du travail et de soutenir l’économie réelle.
Pour relancer la croissance et l’emploi, les études empiriques montrent qu’il conviendrait de consolider les acquis en stimulant les sources nationales de croissance, de manière à compenser la relative faiblesse de la productivité globale des facteurs (capital et travail). (cf. notamment l’«Enquête annuelle sur la compétitivité des entreprises 2017-Performances compétitives et anticipations» de Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives).
A ce niveau, s’il n’y a pas de stratégie unique valable pour assurer une transition économique et sociale, le moyen d’y arriver consisterait à appliquer des politiques judicieuses sur le plan social et dans le monde du travail et à combiner l’investissement dans les infrastructures avec des politiques salariales et de protection sociale.
En deuxième lieu : la croissance et les revenus
L’évolution des déséquilibres des revenus menace la durabilité de la croissance.
D’abord, le fait que les revenus du travail sont en retard sur l’évolution de la productivité et des prix, les pouvoirs publics et, en tout premier lieu, les autorités monétaires, sont amenées à recourir à l’endettement pour soutenir la demande intérieure pour financer la consommation des ménages et l’investissement dans le logement.
Résultat des courses, un surendettement des ménages, une «inflation et une spirale prix-salaires» et une «bulle immobilière».
Les événements survenus tout au long des années de «transition» montrent à quel point la croissance économique équilibrée (soutenue par une évolution équilibrée des revenus) est incontournable pour une cohésion sociale, elle-même déterminant de la croissance équilibrée.
A suivre…
Dr Tahar El Almi :
Economiste-universitaire